Brèves de comptoir

Je compte mes doigts Tous sont là Pas sûr que tous soient à moi
Je compte sur les doigts les gens que j’aime Je peux compter ceux qui restent Je ne compte plus ceux qui sont partis.

Quand je pense à ceux qui sont partis Qui ne comptent plus pour moi ni pour personne J’ai peur Et je pleure, au dedans, aussi.

Là, en regardant à travers le cul du verre la lumière et le vide dans le verre,
je me dis : ceux qui ne comptent plus sont peut être la toile de fond de ma vie ? Ils me donnent du fond ? M’empêchent de le toucher le fond, au fond du désespoir.

Voilà maintenant que je le sens vraiment : j’ai été porté
Sans calcul Sans attendre l’impossible Sans preuve à l’appui : ils m’ont donné l’appui. (Le parapet Le garde fou Le lit bordé Vrai : ils m’ont aimé)
Et là, je suis reconnaissant Ça fait un bien fou là dedans, la gratitude
Me sentir aimant, vaste, habité : à ce compte là vivre vaudrait la peine.

Mais là, je pense à toutes les autre fois où j’ai compris (Qu’on m’accordait crédit Qu’on me comptait au nombre des vivants Que j’étais incité à être) Et puis, plus rien Impossible de savoir où le chercher Comment être pour qu’il me retrouve, l’état de grâce II faut dire que je louvoie Moi, je ne tiens pas la route.

La lumière roule au fond du verre En roue libre Sans tomber Sans être morte il y a des éternités On ne compte pas les années de la lumière C’est la lumière qui nous mesure Et moi je vibre et je bourdonne de tous les noms que je lui donne La lumière, c’est la Vouivre, La Vive, L’Ivre Vivante Elle joue avec le vide et elle l’éclaire En fin de compte Je n’ai toujours rien compris Je suis compris dedans

5 février 2020

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