Rencontre avec Stéphane Martelly auteure de La maman qui s’absentait
8 avril
Une rencontre de lecture
J’ai découvert ce livre pour enfant La maman qui s’absentait de Stéphane Martelly et Albin Christen (Vents D’ailleurs, 2011) alors que je venais d’écrire un article sur Winnicott, publié ici dans « Carnet ». Mes pensées tournaient autour du monde à habiter, des exils effectifs et de l’étrangeté intérieure, de la relation à la mère (ou de la personne qui joue ce rôle) qui parvient ou ne parvient pas à assurer une base identitaire, un port d’attache plus ou moins hospitalier. La maman qui s’absentait est venue étonnamment à la rencontre de ces préoccupations, m’assurant que cette zone psychique originaire est un terreau pour l’existence et un perpétuel terrain vague pour la création.
Le papier rappelant le grain des feuilles de dessin, le noir et le blanc intenses, des illustrations d’Albin Kristen, la mer et ses spirales, les personnages aux gros yeux ronds de masque, cet ensemble crée un monde graphique évoquant l’antique et le contemporain, les voyages d’Ulysse représentés sur les céramiques grecques et la B.D.
Les textes de S. Martelly sont directs, une poésie qui va droit, sans gras.
Le livre parle de la relation d’un enfant confronté aux absences énigmatiques, réelles et psychiques, de la mère, aux efforts qu’ils font pour se trouver de temps en temps, comme in extremis.
Comme le langage des rêves, la poésie de Stéphane Martelly prend les mots au pied de la lettre et condense. Le mal du pays s’attrape, est contagieux. Les yeux prennent les voiles, la mère ne tourne pas rond mais creux.
À travers ces textes, j’entends la douleur atone ou vive de l’anesthésie affective, quand on est là sans pouvoir être vraiment là, absent de ses mots, de sa peau, captif d’une prison invisible. Ces états dissociés se retrouvent dans des situations très diverses. Dans les problématiques limites, certains sujets s’emmurent vifs pour se défendre contre des angoisses d’effondrements innommables, il faudrait dire invivables tant elles dépassent les limites de ce qui peut être vécu. Cette souffrance existentielle chronique s’installe à demeure faute d’avoir pu, pour le bébé, nouer avec la mère un tissu de relations équivalent à une nidification extra utéro. Le bébé rencontre sa mère quand suffisamment disponible, attentive, elle porte le bébé en mettant la réalité à sa portée. Cette empathie est en tout cas une condition indispensable à une mise au monde psychique. Quand tout se passe au mieux, une réflexivité s’instaure, un effet miroir permettant à l’enfant de se voir dans le regard la mère plein de lui, de s’entendre dans les paroles habitées que la mère lui adresse. Sinon, l’enfant désemparé, sans prise, dévisse.
Je la regardais fort Mais mon petit regard glissait sur ses grands yeux
Elle me souriait
Mais ne me voyait pas
Dans ce sourire
On peut mettre ce passage en regard de ceux écrits par Winnicott.
« Que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de la mère ? Généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit… Mais nombre de bébés se trouvent longtemps confrontés à l’expérience de ne pas recevoir en retour ce qu’eux-mêmes sont en train de donner. Ceux-là regardent mais ne se voient pas eux-mêmes. Ce qui ne va pas sans conséquence. En premier lieu, leur propre capacité créative commence à s’atrophier et, d’une manière ou d’une autre, ils cherchent un autre moyen pour que l’environnement leur réfléchisse quelque chose d’eux-mêmes. (D.W Winnicott, Jeu et Réalité, P155)
Alors elle se racontait des histoires
où je ne parlais plus
Alors elle tournait creux
Elle égarait son ange
Qui parle ? Est-ce l’enfant ? Est-ce la mère ? L’album joue de typographies différentes pour différencier les passages attribués à la mère de ceux, en écriture manuscrite, qui reflètent le vécu de l’enfant. Mais souvent le texte semble traduire les perceptions croisées et les confusions identitaires. Le passage cité traduit à la fois le vécu de la mère qui sent qu’elle perd son enfant dans une sorte d’avortement moral qui la fait souffrir (la mère faiseuse d’ange) et les sentiments de l’enfant tentant de deviner ce qui se passe chez sa mère, ce qui l’occupe et la ravit. Le sujet qui parle dans cet album n’est souvent ni la mère ni l’enfant exclusivement l’un de l’autre mais l’un dans l’autre, ce qui traduit de façon saisissante leur relations intenses, les ratages de leurs rencontres et leurs agrippements.
L’enfant confronté à l’absence psychique de la mère peut développer des antennes psychiques pour la trouver. Il est trop connecté à sa mère, trop branché ; trop devin ; dans l’incapacité d’être seul en sa présence, préoccupé par elle, aux aguets.
J’étais là Dehors
Par moins vingt
à vaillamment sculpter pour elle
des vagues improbables
On est loin d’évaluer tout ce qu’un enfant et un adulte peuvent faire (de bon, de dangereux, d’héroïque, de drôle)… pour susciter un regard de la mère, pour réanimer à l’intérieur la mère morte, pour se sentir vivant.
Aucun doute que cet album saura aider les adultes et les enfants à mettre des mots sur des états de retranchement douloureux renvoyant à des problématiques très diverses : failles narcissiques structurelles mais aussi états traumatiques d’origines multiples dont l’exil peut faire partie. Tant de situations peuvent provoquer des déracinements, des exils intérieurs, des rapts violents venant faire écho à d’anciennes fractures. Lors d’une lecture, une adolescente a évoqué les effets déréalisant de la drogue et de l’alcool.…
La création n’est pas asservie au projet de nous guérir et cela ne l’empêche pas de nous faire signe, de nous aider parfois à habiter un monde compromis,
un monde vaguement à mi chemin
qui ne serait qu’à nous
Je ne trouve pas meilleure figuration de l’espace transitionnel, de ce lieu où nous vivons, que ces dernières pages.
Dans On habiterait le monde, j’ai évoqué comment j’ai dû longuement batailler pour trouver les rives du monde et de la mère. C’est dire que ce livre pour enfant avait de quoi me parler. Et plus encore que je ne le croyais. Une amie à qui je faisais feuilleter l’album m’a rappelé que mon premier recueil de poèmes s’intitule Où commence la mer. Avec beaucoup d’autres, je l’ai donc cherché la mère, l’amarre, l’amer, l’amère, l’aimée.
La lecture de cette « fable poétique qui raconte et réfléchit en même temps » comme la définit S. Martelly, avait de quoi faire en moi des vagues et des courants de fond… Si bien qu’en en écho à La maman qui s’absentait, j’ai écrit Elle boucle la mer que l’on peut lire dans la rubrique « Poèmes ».Si bien que je n’ai pas hésité à prendre contact avec l’auteure pour lui proposer une interview dont voici la retranscription.
Interview
M.C.P
Je vous remercie d’avoir accepté cette interview par Skype. Votre livre a été pour moi une belle surprise, une vraie rencontre. J’ai désiré comprendre comment il vous est venu.
Comment situez-vous cet album relativement à vos autres domaines de recherche ? S’est-il présenté tout de suite comme un livre pour enfant ?
S.M
Ce n’est pas ce genre de calcul que je fais. C’est ça la particularité de mon travail. J’ai toutes sortes d’écritures et je n’essaye pas par avance de trop déterminer laquelle apparaîtra. Ce qui est important pour moi, c’est d’entrer dans une démarche d’écriture. Comme j’avais déjà écrit un livre illustré, je savais déjà que je voulais que celui là soit illustré. Donc je l’ai fait en ayant en tête qu’éventuellement, je travaillerais avec un illustrateur.
Ce qu’on ne réalise pas souvent, c’est que l’écriture pour enfant est une écriture à contrainte. On n’est obligé à rien mais idéalement, il ne faut pas que le vocabulaire, la longueur … soient d’emblée néfaste à la lecture.
Donc, j’avais un peu ça en tête et j’ai commencé à écrire comme ça. À l’époque, j’avais déjà un enfant, je pensais un peu à lui en écrivant.
Mais je n’écrivais pas en me disant « Bon, je laisse de côté ma plume stylistique, j’écris un livre pour enfant. » C’est pas comme ça que ça marche pour moi. C’est chaque fois une pulsion très profonde que j’essaye de respecter en passant par l’écriture. Et puis après, j’écris le texte d’un coup. J’ai de la chance, pour l’instant, de convaincre les processus éditoriaux de me suivre. Je savais, avant même de contacter les éditeurs quel illustrateur je voulais.
À l’époque, je ne l’avais pas rencontré du tout. C’est quelqu’un dont je suivais les travaux sur internet. Je lui ai écrit carrément, tout de go, comme ça. Lui, il est Suisse et moi je suis Haïtienne un peu partout. Je lui ai écrit pour voir si ça pouvait l’intéresser. Il se trouve que lui aussi suivait mes travaux et donc il a accepté. C’était une collaboration comme je les aime. Elle s’est faite dans un grand respect, dialogue. Ça ne pouvait pas être autre chose. La surprise pour moi, ça a été que finalement l’illustration revienne à un homme alors que dans
ma tête, ça devait être une femme. Maintenant, je n’imagine personne d’autre que lui.
MCP
Donc, il a travaillé alors que le texte était déjà achevé ?
S.M
C’était complètement achevé et j’avais envie de travailler avec quelqu’un qui soit très sensible à cette dynamique d’œuvre première, qui vienne soutenir cette dynamique. Vous voyez ? Ce n’est pas tous les artistes qui peuvent travailler comme ça. Albin Christen a été très généreux, il a tout de suite accepté le jeu. Je veux souligner qu’il est assez rare et précieux qu’un artiste saisisse les enjeux de la "création première" (qui est mon texte) et accepte cette différence subtile mais importante entre auteure et créateur.
Quand on a été d’accord, je lui ai donné mon texte sans lui demander quoi que ce soit. Et puis, à partir de sa première proposition, on a eu un dialogue très riche. Albin me faisait des propositions d’illustrations qui étaient aussi interprétatives de mon texte, comme par exemple de faire un noir et un blanc intenses ou d’utiliser des caractères typographiques quand c’est la pensée de la mère et une écriture manuscrite quand c’est la pensée de l’enfant.
Au final, nous avons échangé au moins une quinzaine de courriels pour débattre de tous les aspects et pour prendre certaines décisions ensemble.
MCP
J’ai été sensible au noir et au blanc superbes.
S.M
Ça aussi c’était un défi et c’est la part de l’éditeur. Une fois qu’on lui a soumis le manuscrit déjà mis en page, il a accepté de le publier comme on voulait et en plus il a pris l’initiative de contacter un artisan imprimeur en Italie parce que, au niveau de l’édition, c’est très rare le vrai noir sur le vrai blanc. C’est très difficile de l’obtenir. Il faut vraiment un technicien de très haut niveau.
MCP
Cet aspect technique m’a échappé. Je n’ai été sensible qu’au rendu, à l’effet de ce noir et de ce blanc éclatants, à leur contraste et leur matière.
SM
C’est ce qu’il faut !
MCP
Le livre a eu le prix Michel Tournier. Comment cela est-il arrivé ?
S.M
Ça m’a complètement échappé. C’est l’éditeur qui a continué à soumettre le livre. Il a obtenu le prix plusieurs années après la publication, en 2014.Nous avons simplement reçu la notification que nous l’avions eu.
MCP
Avez-vous eu des échos des réactions des collégiens, de ce que le livre leur a évoqué ?
SM
Non, malheureusement. Ça m’intéresse beaucoup en fait. Parfois j’ai eu la confirmation que ce que je voulais se produisait. Parfois, j’étais surprise aussi.
MCP
Vous n’avez pas eu l’occasion de tester le livre auprès de différents publics ?
S.M
Si, le livre a circulé pas mal. Parfois on m’invite aussi à en faire une lecture. Chaque fois les publics sont très différents. Des enfants très jeunes (4 ou 5 ans) et aussi des adultes. Une chose à laquelle je ne m’attendais pas, parce que c’est aussi une fable sur l’exil, a été la réaction d’une femme haïtienne. À un colloque, où je parlais de choses complètement différentes, elle est venue me voir. Elle m’a dit à quel point le livre avait été important pour elle. Les sentiments de scission, de détachement, elles les avaient vécus de façon très intense après le séisme. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus alors rejoindre ses enfants et comme ça l’avait bouleversée de lire ce livre là. Ça lui correspondait vraiment à cette époque là et ça lui a permis peut-être de commencer à parler à ses enfants.
MCP
Je pense que c’est vraiment un livre qui peut jouer ce rôle là, aider à se relier à une part profonde, parfois murée, un peu mutique. Il a cette grande vertu.
Je me suis demandée en vous lisant si les références à André Green (La mère morte) à Winnicott, si ces références vous sont familières, font partie de votre horizon ?
S.M
Un peu André Green. Mais c’est quelque chose qui est assez séparé de mon travail d’écriture. Ça peut surprendre peut-être mais mon approche n’est pas très conceptuelle. Après, quand on lit, on voit des choses, mais quand j’écris c’est pas ça. J’écris vraiment dans l’urgence et l’immédiateté et je tiens à ça. Je ne tiens pas à ce que cela soit un processus complètement transparent pour moi.
MCP
Le sujet opaque dont vous parlez dans vos essais. Je comprends bien cela. Mais quand j’ai lu votre livre, j’ai vu l’emboîtement des thématiques, celle de la mère absente réellement, de l’exil effectif et aussi le thème de la mère absente psychiquement, quels que soient les mots que l’on utilise pour appréhender ces états dissociés. Ça m’a fait penser à beaucoup de choses explorées et éclairées par les psychanalystes. Je me suis alors demandée comment vous, vous parveniez à quelque chose de semblable, si vous connaissiez ces travaux. Ce que vous dites, c’est que votre voie d’accès est autre, que les références aux travaux des psychanalystes ne sont pas importantes pour vous.
S.M
Pas au moment où j’écris. Après, j’aime bien me rendre compte un peu quand même. Le moment où je laisse aller l’œuvre et que j’attends la réponse des lecteurs est très important. Je n’essaye pas trop d’entrer dans la dissection de ce qui se meut dans les marges, comme dit Toni Morrisson. Ce qui se meut sous le processus de création, je n’essaye pas trop de le décortiquer mais après, je suis contente de voir.
Par exemple, j’ai écrit un autre livre, une autre fable, L’enfant Gazelle, avec encore Albin Christen comme illustrateur. Le jour du lancement, j’avais demandé à une amie qui est psychologue de faire l’introduction. Je vous enverrai son article, c’est très intéressant. Vous dites des choses qui apparaissent un peu dans son analyse de l’enfant Gazelle.
MCP
Je suis toujours contente quand je vois que des approches libres, indépendantes, autonomes, comme par exemple la psychanalyse et la création, attrapent des choses qui ont à voir.
S.M
C’est ça qui est magnifique dans tout le processus créatif, c’est ce savoir qui ne sait pas et en même temps sait profondément. C’est quelque chose que j’aime beaucoup, qui est très important pour moi.
Même dans mon essai « Les jeux du dissemblable », c’est quelque chose que j’ai voulu faire. J’ai interrompu l’écriture universitaire avec des passages de création. Dans ce livre, il y a une sorte de tension entre mes différentes pratiques : écriture stylistique/de création/peinture, puisque je suis peintre aussi. Il y a là une mise en tension qui est intéressante.
MCP
Je vois bien. Par une coïncidence curieuse, dans mon dernier livre On habiterait le monde, j’ai éprouvé la nécessité de mettre en tension les frontières écriture poétique/ notations/ journal.
Je me suis demandée quelle place a, dans le champ de toutes vos recherches, le type d’écriture que l’on trouve dans l’album. Est-ce un fils d’Ariane, un filon, un lieu de ressourcement ?
S.M
Bonne question. Je ne me suis jamais posée cette question en ces termes. Pour moi, les choses ont l’air de se succéder. Ces dernières années ont été très productives. Mon essai, Les jeux du dissemblable qui était en même temps un travail universitaire, date de 2016. La même année, j’ai publié un recueil de poèmes Inventaires, et 2 ans après, l’enfant gazelle.
Je ne choisis pas vraiment vers quel type d’écriture ou de discours va aller mon intérêt. Souvent ça se succède, parfois ça arrive en même temps, ça se contrarie, ça se tiraille. Aujourd’hui, je suis vraiment dans une écriture qui essaye plus qu’avant de comprendre quels sont les processus qui me permettent de faire ça, pas pour les rendre complètement transparents, pour y penser un peu quand même, ça m’intéresse.
Là, l’enfant Gazelle est terminé, j’ai déjà l’ébauche d’une prochaine fable mais je ne sais pas combien de temps ça me prendra.
MCP
Le terme qui revient est « fable » ?
S.M
C’est un texte qui raconte, tout en étant en même temps de la poésie qui réfléchit. C’est dans ce sens que j’utilise le terme fable, pas dans le sens de moralisation, ça ne m’intéresse pas. Mais ce que je cherche c’est de créer un espace, des structures qui permettent la réflexion et en même temps une expérience complète.
MCP
Ce que vous dites de la fable m’éclaire beaucoup sur ce que je cherche à créer.
Quand vous écrivez dans cette perspective, quel est votre interlocuteur à ce moment là ?
SM
Ce serait facile de répondre que probablement c’est très en lien avec ma propre enfance finalement. Elle était habitée par le merveilleux. Mais je ne sais pas si c’est aussi simple que cela.
MCP
Dans chaque livre, il y a une voix. Ça m’intrigue beaucoup la voix qui sort d’un livre. C’est quand elle est trouvée que le livre est réussi, se met à parler.
SM
Ça c’est vrai. C’est même plus important que d’avoir une écriture habile.
MCP
Oui, l’habileté peut-être une facilité et ne peut tenir lieu de voix.
Quand on écrit, on sent quand on prend un positionnement interne qui convient ou pas, qui fait que la voix va pouvoir venir ou pas. Parfois, il semble que ce positionnement est lié à l’adresse, à un interlocuteur interne qui donne le fil d’Ariane.
Je suis très touchée par la voix qui sort de cet album et je me suis demandée si vous aviez le sentiment que le texte était adressé à interlocuteur implicite ?
SM
Cette question est très importante mais je n’ai pas l’impression que cela soit ce qui me préoccupe quand j’écris. C’est vraiment une impulsion intérieure et la volonté d’être très authentique par rapport à cette impulsion là. Après, je pense un peu plus à l’interlocution et j’aménage ? Et vous ?
MCP
Je ne pense pas à la réception. Je sens si j’ai trouvé ou pas cette voix.
SM
Pareil
MCP
Si elle n’est pas là, ça ne sert à rien d’écrire.
SM
C’est l’écho de l’œuvre sur vous que vous appelez voix ?
MCP
En partie. Quand on écoute intérieurement un texte qu’on écrit, il parle juste ou pas. Ça semble lié à une façon d’être intérieure qui favorise les échanges, les passages, la place de l’autre. Qui désencombre. Une façon de se tenir dans le monde et dans la langue dans le moment où on écrit.
Mon terme d’interlocuteur ne convient pas. Il pourrait faire croire qu’on écrit pour un lecteur potentiel qui a telles ou telles caractéristiques. Mon point de vue n’est pas dans cette extraversion, je cherche à saisir ce qui favorise la naissance de la voix, dans un positionnement interne de soi à soi. Pas facile ! Question à poursuivre !
J’ai été vraiment très heureuse de parler avec vous et je vous remercie de m’avoir consacré ce moment. Je vous enverrai le texte de cette interview avant publication.
SM
Merci à vous, c’est agréable de discuter en profondeur de quelque chose qu’on a essayé de faire. De mon côté, je vous enverrai le texte de mon amie présentant l’enfant gazelle
MCP
Je ferai probablement lecture de La maman qui s’absentait et je vous ferai part des réactions des enfants, de leur manière d’entrer dans le livre, de le questionner, le comprendre.
SM
Ce sera un beau cadeau.
L’auteure
Stéphane Martelly est née en 1974 à Port-au-Prince, Haïti. Elle est actuellement professeure en recherche- création à L’université Concordia à Montréal.
Elle a d’abord coordonné le centre d’Histoire orale collectant les histoires de vie des personnes déracinées et rescapées.
Stéphane Martelly se partage actuellement entre recherches universitaires, poésie et peinture. Ces trois approches interrogent souvent la marge, le féminin, l’opaque du sujet et de la création.
Publications récentes
Poésie
Inventaires,Triptyque, 2016
Fable
Martelly S, Christen A. L’enfant gazelle. Montréal, Les éditions du remue ménage, 2018.
On trouvera une étude de ce livre à l’adresse
https://www.cairn.info/revue-l-autre-2018-2-p-244.htm
Sophia Koukoui , Parler aux enfants de la violence du monde, à partir de l’ouvrage « L’Enfant Gazelle » de Stéphane Martelly et Albin Christen
Essais
Le Sujet opaque, une lecture de l’oeuvre poétique de Magloire-Saint-Aude. Paris : L’Harmattan, 2001, 178 p.
Les jeux du dissemblable ; folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaine. Montréal : Nota Bene, 2016, 378 p.
On trouvera une présentation de cet essai à l’adresse suivante :
Stéphane Martelly / Les jeux du dissemblable – Robert Berrouët-Oriol
berrouet-oriol.com/uncategorized/les-jeux-du-dissemblable/
Pour une présentation plus ample des publications de l’auteure, je renvoie à : http://ile-en-ile.org/martelly/
8 avril 2019
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