On voudrait tant que la mort soit une fake news

Le temps du soupçon est dépassé. L’infamie d’être rien sonne vrai.
On est piteux
La queue entre les jambes
Impuissants à ce point.
A ce point défaits.

On semble de la trempe du vent,
On tremble.
En famine,
De ciel, d’océan,
De rive, de rêves. De trêves.
La peur de la mort réduit l’univers à l’instant. La mort nous incendie de rage.

La souffrance a raison de tout.

On voudrait
Etre une enfant ardente et consolable ?
S’ébrouer du malheur
Comme d’une vermine adventice
On voudrait que
Ce soit le chagrin qui se noie dans l’herbe punchy
Les veaux mousseux, les feuilles tendres

On voudrait tant que la mort soit une fake news.

Tu imagines ?
On ne lésinerait plus à vivre.
On serait des lys dans les champs. La lumière irait comme un tigre
Et battrait dans ton sang et vibrerait
Dans tes oreilles.
Tu vivrais comme au premier jour,
Dans la vigueur de l’origine :
En haute fidélité.

Tu imagines
La joie la joie :
Sa laitance victorieuse.
Son babil d’oiseau.

Ce serait beau Ne pas s’économiser,
Ne pas se réserver, se préserver
Ne pas vouloir durer coûte que coûte
On n’aurait pas à vivre à petit feu
Vive en grand, mener grand train serait acquis.
On n’imposerait plus carrière au temps
On lui laisserait libre cours,
Faire lignée ou rupture
Voltiges, embranchements et embardées.
Je te dirais je t’aime
En langue étrange aux lèvres.

Je vois ça d’ici !
Un paradis en éclats crêtes fulgurances ;
En shoots sempiternels.
Le temps affranchi,
Sans cause sans effet, sans queue ni tête,
éparpillé en iles au beau fixe.
La vie asséchée de l’éphémère du fragile, du fade :
sans vague à l’âme. Sans âme.
(L’âme est vague et rêve. Elle rêve être, et devient.
Elle devient la moire impalpable du temps,
Son âme sœur.
Qui sait ?)

Je pense soudain à ceux qui ne purent pas
S’y faire,
à vivre dans le temps,
Un temps.
(Qui ne voulurent pas vivre au crochet
De la prudence.
Qui s’ennuyaient
Dans le train train des heures.
Qui avaient de l’impatience et de la bravade
En excès.
Qui trouvaient outrageant d’être
Mortels,
De ramper devant la
Peur.
Qui trouvaient beau D’être
Orage cru
Qui aimaient tant
Faire gicler la rondeur de l’instant
Comme un grain de cassis âpre.

Je pense,
À ceux qui se dilapidèrent
Comme on voudrait parfois le faire,
Flinguant les temps morts.
Soignant la peur par le danger
La souffrance par l’anesthésie, l’excès
Vivant, bon gré mal gré, à tombeau ouvert.
Ils s’incendièrent comme Gainsbourg son billet.
Ècharpés, escarpés, ils furent, à l’extrême.
Pas échappés du temps pour autant.
Ils en finirent vite avec la fin.
On est de leur trempe
Leur flamme crève les yeux.

Il n’y a pas de vie triomphante.
Alors on fait quoi ?

On cherche ce qui mérite d’être
Hors la superbe, parfois avec.
Hors la destruction. Parfois avec.
Le présent tangue,.
On est un radeau hébété de migrants
Rendu au bon vouloir.
La mort survoltée bat son plein
Vide ciel terre et océan.
L’homme
Poursuit encore et encore avec la mort
Bras d’honneur et jeux de dupe.

Economiser préserver Donner
Du temps au temps Etre un vivant
Parmi les autres Ce serait beau
Ne pas vivre au crochet
Entendre le chant nu de l’oiseau
Dire je t’aime.
Ce serait beau... Imagine.

6 mai 2019

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